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La Lisarda

Opéra baroque en trois actes

Giovanni Battista Mariani (1634-1697)

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13 artistes: Lisarda (S), Celia (S), Medoro (CT), 2 violons, alto, 2 harpes, violoncelle, contrebasse, théorbe, luth, orgue

Direction: Rogério Gonçalves

Régie: Manuela Kloibmuller

Première: 5 août 2017, Schloss Greinburg, dans le cadre des "Donaufestwochen"

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© Reinhard Winkler

L'opéra La Lisarda, ou l'Amour recherche la Jeunesse, constitue, à plus d'un titre, une partition intéressante. Rogério Gonçalves en a retrouvé la trace lors de recherches effectuées à la Bibliothèque Nationale Marciana de Venise. Il en a réalisé une édition spéciale sur la base de quatre manuscrits conservés à Venise, Modène, Turin et Münster. La mise en scène qu'il nous propose s'est fixée pour objectif de mettre pleinement en valeur la beauté de la musique et les textes délicieux.

 

La Lisarda est un récit édifiant à l'adresse des femmes qui tombent amoureuses. Lisarda et sa fille Celia sont toutes deux éprises de Medoro, qui se moque de l’engouement de Lisarda, la trouvant trop âgée: «L’amour recherche la jeunesse», un aphorisme mieux incarné par Celia que par sa mère!

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Dans un premier temps, Lisarda tente de dissuader sa fille, la mettant en garde contre les pièges de l’amour et la tromperie des hommes, tout en essayant de garder Medoro pour elle-même. Mais elle finit par céder et prendre la place qu’une femme de son âge est censée avoir. Elle renonce à l’amour et offre sa fille à Medoro pour que la fin traditionnellement heureuse de l’opéra baroque soit respectée, du moins selon un point de vue masculin.

Le double sacrifice de Lisarda – celui de son amour certainement sincère et celui de sa fille - représente l’acceptation de la femme vis-à-vis de la domination masculine, ainsi que sa défaite et la négation de son désir. Musicalement cependant, la partie de Lisarda est significative et perturbante. Alors que Medoro et Celia chantent des ariettes délicates et élégantes, les airs les plus tragiques et les plus lyriques sont attribués à Lisarda. La femme souffrant sur scène était l'un des caractères préférés des opéras baroques, et La Lisarda n'échappe pas à la règle. A l'image d'autres compositeurs d'opéras du milieu du XVIIième siècle, Mariani alterne librement et sans structure claire récitatifs, airs et ariosos. Il donne de la souplesse à la déclamation en restant au plus proche du rythme des paroles du livret, tout en épousant les passions rapidement changeantes des personnages en proie aux tourments ou aux délices de l'amour.

 

L'opéra, dédié à Innocenzo Conti, célèbre gouverneur général des Etats Pontificaux, remporta un vif succès. De nombreux articles de journaux, dont les copies sont encore en notre possession - non seulement en Italie – ne mentionnent pas moins de trois mises en scène (Viterbe 1659, Florence 1662, Bologne 1664).

 

Dans le livret de la première à Viterbe, on peut lire le commentaire suivant de Vittorio Bambini: "Peut-être qu'une dramaturgie ne recourant qu'à trois interprètes peut vous sembler ennuyeuse. Mais grâce à sa nouvelle façon de penser et sa clairvoyance, l'auteur a réussi, au moyen de brefs épisodes comiques accompagnés d'une musique avenante, à embellir la pièce de manière à ce qu'elle soit une source de joie".

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Giovanni Battista Mariani (env. 1634 - 1697)

 

Giovanni Battista Mariani naquit vers 1634 à Fossombrone, province de Pеsaro. On sait de source sûre qu'il résida à Rome entre 1656 et 1658, au service de Gilberto Pio di Savoia, prince de San Gregorio avant de passer à celui du cardinal Carlo Pio di Savoia. Il habitait encore le palais de ce mécène en 1689.

 

Mariani semble avoir composé principalement des oratorios pour la Chiesa Nuova, mais aucun ne nous est parvenu. A l'occasion du carnaval de 1659, il écrivit sur un livret de Ludovico Cortesi, La Lisarda ovvero Amor vuol Gioventù, petit opéra appelé "scherzo drammatico a tre voci" et joué dans le palais du dédicataire Innocenzo Conti, gouverneur général des Etats Pontificaux. La partition nous est parvenue sous forme de quatre copies manuscrites conservées dans les bibliothèques de Venise, Modène, Turin et Münster. Il existe aussi trois éditions différentes du livret, ce qui est surprenant pour l’époque, surtout si l'on songe qu'il s'agissait de musique de théâtre, genre alors éphémère par excellence.

 

Mariani écrivit, en collaboration avec le même librettiste, un autre opéra, Impegnarsi per Complimento, dont le livret n'a jamais été publié et dont le seul témoignage qui nous reste est une partition manuscrite conservée à Vienne. En 1668, Mariani compose la musique pour un nouvel opéra, une Favola boschereccia, sur un livret du poète Sebastiano Baldini, bibliothécaire du cardinal Flavio Chigi. La première représentation eut lieu le 15 août 1668 lors d'une fête offerte par le cardinal dans les jardins de Monseigneur Salvetti à Quattro Fontane. La musique de cette pièce est perdue, mais il nous en reste une description de la plume du célèbre architecte Carlo Fontana, auteur de la mise en scène et des effets spéciaux de cette fable musicale: "Les applaudissements ont salué la pièce de Sebastiano Baldini mise en musique par Giovanni Battista Mariani, compositeur doué d'une exceptionnelle virtuosité". Nous apprenons également que le casting était entièrement masculin, et que les chanteurs furent loués "pour l'excellence, l'esprit, la vivacité et la grâce de l’exécution de leurs rôles respectifs".

 

Le 14 février 1697, Mariani reçut en héritage quelques objets et des partitions ayant appartenu à la soprano de la chapelle pontificale, Bonaventura Argenti. C'est la dernière fois qu'il est fait mention de ce compositeur dans des textes officiels, et l'on peut supposer qu'il mourut peu après.

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